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14 agosto, 2010

2 comentarios:

  1. Autorretrato Nº 55

    La mutation du corps
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    Paul Ardenne
    décrypte les représentations humaines dans l'art, de l'époque classique aux «monstres» d'aujourd'hui


    «Le corps a toujours été une préoccupation majeure pour les artistes», rappelle d'emblée Paul Ardenne. Pourtant, toutes les époques n'ont pas considéré le corps de la même manière. A l'époque classique, par exemple, les artistes en avaient une idée précise: «La représentation était calquée sur le modèle traditionnel du corps du Christ, c'est-à-dire saisi dans sa gloire ou sa souffrance. On ne se libère vraiment de cette référence qu'à partir du XIXe siècle, en représentant le corps tel qu'il est dans la réalité: la laideur apparaît chez Goya, la souffrance dans les autoportraits de Van Gogh, l'ennui règne chez Manet...» Ce mouvement de libération de l'image du corps engagé par les modernes va s'amplifier au XXe siècle. Pourquoi? Selon Paul Ardenne, c'est l'effet des deux guerres mondiales et du génocide, au terme desquels on assiste à l'effondrement de l'humanisme.
    Le mépris de l'humain va donc modifier et démultiplier les modèles de représentation. «Un double phénomène se produit, raconte Ardenne. Certains artistes, d'un côté, sanctifient le corps, comme en réparation de ce déclin de l'humain. On le constate avec les Nus bleus, de Matisse, ou avec la série de Grands Nus américains, de Tom Wesselmann. Mais, en majorité, les artistes vont traduire ce mépris par la dégradation de la figure. On voit se développer les images du corps souffrant (Edvard Munch), torturé (Vladimir Velickovic) ou massacré (Jean Fautrier), solitaire (Edward Hopper) ou au contraire anéanti dans la foule (Massimo Vitali). Avec la levée des tabous, concernant la sexualité ou la mort, le corps s'exhibe aussi dans toute sa trivialité (Egon Schiele).» Au point que l'ultime dégradation, à présent, consiste à représenter l'humain sans le montrer: figurer non le corps mais ses traces, ses empreintes, comme si celui-ci ne pouvait plus s'inscrire dans une forme (Vera Frankel). Notre époque virtuelle met en scène un homme dématérialisé.

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  2. continuación texto Paul Ardenne



    Ne pas laisser le corps au territoire de l'image
    Comment, dans ce contexte, situer le mouvement de l'art corporel, qui s'est développé dans les années 60-70, avec les performances et les happenings? Pour Paul Ardenne, les actionnistes viennois, les Japonais du groupe Gutai ou encore les adeptes américains du body art ont en commun d'avoir tous décidé de se réapproprier leur corps pour en faire une oeuvre d'art. Dans cette perspective, l'art corporel apparaît comme la volonté des artistes de ne pas laisser leur corps au territoire de l'image et de dire à leur tour: «Ceci est mon corps.» En 1969, lors de sa Messe pour un corps, Michel Journiac avait fait communier l'auditoire avec des hosties confectionnées avec son propre sang. Simpliste? «Sans doute, commente Paul Ardenne, mais l'art corporel, concomitant à la libération des moeurs, a au moins eu pour mérite d'en finir avec les interdits qui pesaient sur la chair.»
    En fait, nous sommes entrés dans l'ère des monstres: «La figure de la monstruosité s'est développée tout au long du XXe siècle, mais particulièrement à partir des années 80-90, en même temps que le culte du corps.» Est-ce de l'insatisfaction? Du narcissisme? Ou bien les deux? «Toujours est-il que c'est ce que permettent maintenant les progrès de la génétique, de la chirurgie esthétique et des biotechnologies, affirme Ardenne. Les artistes dans ce contexte développent un modèle d'art dit ??posthumain'': Matthew Barney greffe des prothèses sur son corps, Orlan remodèle son physique en recourant à l'intervention chirurgicale, Jake et Dinos Chapman conçoivent des mannequins mutants.»
    Ardenne engage une véritable réflexion sur l'émergence de cet art posthumain. Un art à la fois inquiétant, puisqu'il consacre l'adieu à la forme générique de l'humain, et positif, puisqu'il convie à réfléchir sur le danger que représente, pour l'humanité, le renoncement à sa propre figure.

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