La figuration du corps ou les traces du corps dans l'art contemporain est-elle toujours une question importante aujourd'hui ?
Oui, et sans relâche. Le XXe siècle accentue la propension de l'artiste à représenter le corps en général, et son corps en particulier. Cette représentation, fréquemment, entend échapper à la stricte saisie par l'image. Elle incline plus volontiers à l'incarnation, comme l'a montré à partir des années 1950 l'intense développement de l'art corporel, de l'actionnisme et des performances. Cet engouement n'a rien à voir avec l'euphorie. Le sentiment dominant, c'est que le corps nous échappe, que sa « mise en image » ne va plus de soi. La raison en est la crise historique de l'humanisme que consacre la modernité, aux effets traumatiques, crise dont on trouve les plus forts accents dans les philosophies de l'absurde ou dans la thèse de la « mort de l'homme » que Michel Foucault soutient dans Les Mots et les Choses, violente remise en cause du principe de la positivité de l'homme. Si les artistes multiplient les représentations du corps, c'est faute de pouvoir en fourbir une figure parfaite, ultime et satisfaisante. Par comparaison, l'âge classique vivait dans une plus grande sérénité symbolique. Les représentations du corps qu'on y générait s'inscrivaient dans une tradition bien établie, celle de la demande religieuse, de l'imitation et d'un code académique strict, de nature intangible.
La figuration du corps ou les traces du corps dans l'art contemporain est-elle toujours une question importante aujourd'hui ?
ResponderEliminarOui, et sans relâche. Le XXe siècle accentue la propension de l'artiste à représenter le corps en général, et son corps en particulier. Cette représentation, fréquemment, entend échapper à la stricte saisie par l'image. Elle incline plus volontiers à l'incarnation, comme l'a montré à partir des années 1950 l'intense développement de l'art corporel, de l'actionnisme et des performances. Cet engouement n'a rien à voir avec l'euphorie. Le sentiment dominant, c'est que le corps nous échappe, que sa « mise en image » ne va plus de soi. La raison en est la crise historique de l'humanisme que consacre la modernité, aux effets traumatiques, crise dont on trouve les plus forts accents dans les philosophies de l'absurde ou dans la thèse de la « mort de l'homme » que Michel Foucault soutient dans Les Mots et les Choses, violente remise en cause du principe de la positivité de l'homme. Si les artistes multiplient les représentations du corps, c'est faute de pouvoir en fourbir une figure parfaite, ultime et satisfaisante. Par comparaison, l'âge classique vivait dans une plus grande sérénité symbolique. Les représentations du corps qu'on y générait s'inscrivaient dans une tradition bien établie, celle de la demande religieuse, de l'imitation et d'un code académique strict, de nature intangible.